Interviewé le 10 mars 2006, aux studios de Boulogne.
Dis moi qui tu es ?
Je suis Ariel Wizman, je ne sais pas ce que je suis d’ailleurs. Je suis journaliste, présentateur, DJ, musicien, voilà, un peu comédien aussi.
Où as-tu démarré ?
J’ai fait d’abord des études de philosophie, après j’ai fait journalisme, après de la radio, après pendant ce temps j’ai fait DJ, après je suis devenu présentateur de télé.
Décris ton parcours jusqu’à la salsa ?
Je suis né à Casablanca, au Maroc, de parents marocains, j’ai grandi là-bas et quand je suis arrivé en France il a fallu que je change mon identité pour me faire accepter. J’avais toujours la nostalgie de l’Orient, j’ai entendu ma mère parler espagnol, elle chantait en espagnol parce qu’elle a vécu dans la partie espagnole du Maroc. Je suis Juif, aussi j’écoutais les chants de synagogue, les voix de tête, les échos parce que finalement dans notre liturgie il y a des échos de la musique andalouse. J’ai toujours vibré beaucoup sur la musique flamenco, et aussi très jeune en banlieue j’ai connu beaucoup de gitans, la musique andalouse, tout ça, cette creusée métisse qu’il y a entre l’Afrique du nord et l’Espagne et le judaïsme aussi. A un moment c’est comme si je me suis recréé une nouvelle identité quand j’ai eu 16, 17 ans, j’ai commencé à me reconnaître beaucoup dans ce qui se passait à New York dans le milieu latino. Ici à Paris on commençait à écouter le hip-hop vers 79-80, Rapper’s Delight, Grandmaster Flash… les jeunes autour de moi s’identifiaient beaucoup plus aux noirs, mais moi je m’identifiais beaucoup plus aux Browns, parce que je suis un brown. Donc je m’entendais dedans, me suis demandé mais qu’est-ce que c’est que ces portoricains, je m’entendais dans les films, The Warriors, on voyait des bandes de portoricains, et les filles dans West Side Story, c’était beau, ça dégageait quelque chose de fort, c’était pas la force brute, ils étaient comme des chats, des gens un peu maigres, tu sais pas d’où ils viennent vraiment, un peu moustachus mais pas vraiment, les filles sont sauvages, cambrées, cette tension, on sentait qu’ils vivaient très vite, ils s’en foutaient. C’était très punk. D’ailleurs c’est pour ça, Mexique et Colombie, c’est très punk. Moi j’avais été punk avant. Là j’ai commencé à écouter, j’ai fait la rencontre de Hector Lavoe et j’ai commencé à me passionner pour lui. Ce côté très urbain, métissé, qu’il n’y avait pas du tout à l’époque, aujourd’hui c’est presque la dictature de ça… j’écoutais Joey Bataan, le boogaloo, la pachanga, Rafi Pagan, Joey Pastrana, Lebron Brothers, tout ce côté presque voyou de New York des années 60, 70, Cuba, le Palladium, j’étais très là-dedans.
Comment as-tu trouvé tout ça ?
Je commençais à aller à New York, le 112ème, 113ème, 116ème, Harlem, j’étais là-dedans, j’allais dans les disquaires, j’achetais plein de disques. Après quand j’ai discuté avec des salseros français, c’était très universitaire. Tout était Cuba, la musique cubaine c’est les origines, la rumba, le guaguanco, Jinacio Pinero, la Sonora Matancera, tout le discours un peu académique où tout doit revenir à l’origine, africaine…ça m’a toujours ennuyé. Ce qui me plaisait c’était juste d’être à New York, d’écouter une voiture qui passait, le bruit ch-ch-cha, entendre la musique romantica, les tubes qui sortaient à ce moment là, la salsa erotica, et aussi tous les souvenirs de la salsa vieja, la salsa dura, la pachanga, tous ces rythmes-là. Après j’étais à Puerto Rico et j’étais fasciné par la Selecta de Raphy Leavitt. Comme j’avais commencé à être journaliste, j’interviewais tout le monde, j’étais à Puerto Rico et je suis resté deux mois je crois, j’ai vu tout le monde, Cheo Feliciano, Gilberto Santa Rosa, La Selecta, La Sonora Poncena, tous mes héros.
Tu avais quel âge ?
22 ans, par là.
Tu y es allé en tant que journaliste ?
Oui, à l’époque je travaillais déjà pour des magazines à Paris, ce que je faisais c’est d’appeler les compagnies d’aviation et je leur ai dit que je leur faisais un peu de publicité en échange pour un billet, après j’ai appelé un hôtel et j’ai dit que je leur ferais de la pub et ils me donnaient une chambre d’hôtel…et paf je suis allé là-bas et comme à l’époque l’argent français était fort, c’était un bon moment. Après j’ai vu tous ces gens-là et j’ai vraiment aimé, San Juan et tout, je me suis senti chez moi. Après j’étais à Cuba, je suis resté plus longtemps, presque une demi année. Partout, j’étais partout, Santiago, Havana, Matanzas. J’ai connu pas mal de musiciens, Los Van Van, surtout les musiciens qu’on connaît, en même temps que j’aimais la musique cubaine, le danzon, je restais attaché, je trouvais qu’il y avait un côté plus attirant dans la salsa américanisée, j’aimais plus ça… Portoricain, et puis j’ai découvert la Colombie après ça. A Paris il y avait beaucoup de colombiens à ce moment-là, il y avait une émission avec José el loco de la salsa, avec un copain on allait chez lui à Nanterre et on échangeait des disques. Comme au bout d’un moment j’avais beaucoup de disques et beaucoup de disques que des gens n’avaient pas, j’allais en Colombie et je revenais, et j’avais tous mes copains colombiens à Paris, un jour j’ai dit j’aimerais bien faire le DJ et essayer de mettre les disques dans une fête. Les fêtes c’était pas du tout comme maintenant, dans des boîtes et tout ça ; là, c’était dans des endroits tout pourri, on louait n’importe quoi, des sous-sols… tout le monde venait, il y avait n’importe qui, des vieux, des enfants, c’est ça qui était bien…
Latino ?
Oui, que des latinos, pas de français. Sur 150 personnes, il y avait 140 latinos. En général soit il y avait des fêtes des gens de Pereda, en Colombie, ou il y avait des fêtes des gens de Cali, des calenos. Il y avait Juanchito, Cali, des gens qui étaient à Paris … après il y avait des gens qui faisaient du ménage, des gens tout à fait simples, c’était une fête de Barrio.
C’était dans la banlieue, ou à Paris ?
A Paris, on trouvait des endroits à Paris. Il y en avait quelques-uns qui étaient éditeurs. Il y avait plein d’organisateurs à Paris, des colombiens, c’était super, c’était vraiment un très bon moment.
Qui étaient les organisateurs ?
Hector Herrera, qui est toujours ici ; Fercho el Bacan, José el Loco, des dominicains Jésus, le cousin de Jésus qui était super aussi, un autre dominicain, un barbu, quelques argentins. Il y avait quelques mecs comme ça, des mecs qui n’avaient pas d’argent… Il y avait aussi Alejandro Santa Cruz, un péruvien, il y avait aussi pas mal de péruviens.
C’était en quelle année ?
1986, par là. Après on allait dans un endroit de salsa, le Tango. Tu sais à Paris au milieu des années 70 avec les militants chiliens qui étaient à Paris, il y avait un endroit qui commençait à monter qui s’appelait le Tango, ça appartenait à un mec qui s’appelle Serge Kreuger, très branché, tout ça, et nous on y a passé, tous les mardis avec les colombiens on faisait vraiment le massacre là-bas. On faisait des concours de salsa, on gagnait des voyages en Colombie, c’était super. J’ai organisé ça, tous les mardis. Après on allait dans encore un endroit près du Palais Royal qui s’appelait la Plantation, c’était une boîte d’africains, c’était tous les vendredis, c’était génial.
Qui venait, c’étaient des français ?
Les français ont commencé à venir petit à petit, mais pas beaucoup. Les français ont commencé à venir, je disais à des gens de venir et ils ont commencé à venir.
Comment ça dansait à l’époque ?
Colombien, caleño, quoi. C’est salsa dura, pas très rapide, canyandunga, la pachanga, difficile, quoi. La façon de danser colombienne est très rock, quoi. C’est vraiment bien, j’adore ça.
Tu danses ?
Bien sûr.
Qu’est-ce que tu faisais à Cuba ?
J’étais là-bas avec de l’argent et j’ai dépensé tout mon argent et j’avais plus d’argent et il fallait que j’y reste longtemps. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour vivre. Toutes sortes de choses, j’essayais de trouver des interviews, j’ai essayé de prendre un peu d’argent de ça.
Tu parles espagnol couramment ?
Oui.
Depuis quel âge ?
Pendant longtemps j’étais passionné de salsa et je ne parlais pas. Je savais que tel mot voulait dire telle chose, mais quand je suis arrivé à Cuba, au bout de deux semaines, je parlais. Tous les mots étaient là, à un moment ils se sont réunis.
Après le Tango, c’était où ?
Après il y avait des salles un peu partout. Il y avait une salle qui s’appelle maintenant la Boule Noire, en dessous de la Cigale, mais là aussi il y avait des histoires, une fois un mec s’est fait tirer dessus.
On m’a raconté l’ambiance des soirées colombiennes…
Si tu n’es pas prêt à vivre ce genre de trucs, il ne faut pas se mettre avec les gens de la salsa. C’est pareil avec le flamenco, il va y avoir des bagarres…
Le milieu a peut-être changé…
Je ne connais pas du tout maintenant, je ne sais pas du tout ce qui se passe.
J’ai l’impression que les deux communautés sont plus divisées, les latinos sont à part de la communauté salsera française.
J’aime pas tellement la française, je n’aime pas tellement les français qui dansent la salsa, ça ne m’attire pas. Ce que j’aimais c’était la fraternité, beaucoup d’amitié, c’était fort, on s’aimait beaucoup. Dès que quelqu’un avait un problème tout le monde s’aidait, on se retrouvait les dimanches pour boire l’aguardiente, bouffer, et tout. Je ne sais pas si maintenant il y a beaucoup de ça.
Pas dans le milieu français de la danse que je connais jusqu’à maintenant.
Et le truc trop technique sur la danse j’aime pas trop. J’aime les gens qui aiment vraiment la musique. Je ne mixe plus de salsa, mais c’est la musique que j’écoute dès que j’ai besoin d’aller mieux, dès que j’ai besoin de me reconnecter avec moi-même, je mets des morceaux précieux.
Quels morceaux ?
Par exemple la Sonora Poncena. Yambéké. What happened, de Rubén Blades. Tout l’album de El Malo de Willie Colon. La fama de Hector Lavoe. La fama pour moi c’est très important parce qu’avant je l’écoutais je ne savais pas que c’était la fama mais maintenant je connais un peu. Un album de Raphy Leavitt, Somos el son de la Selecta, j’ai dû écouter mille fois cet album, les voix des chanteurs et leur créativité est tellement incroyable. Je ne suis pas un musicologue, il y a plein de trucs très populaires que j’aime, le premier grand truc de salsa romantica, Devorame otra vez…
Il n’y a pas de honte.
Cheo Feliciano, Los entierros, tu connais cette chanson ? Il parle de la différence entre les enterrements des riches et les pauvres. Il dit que dans les enterrements des riches il y a des vraies fleurs mais les pleurs sont faux, et dans les enterrements des pauvres les fleurs sont fausses, mais les larmes sont authentiques. J’adore Cheo Feliciano…
C’est une chanson de Tite Curet Alonso ?
Si. J’adore aussi la façon dont Papo Lucca arrange les morceaux, c’est fantastique. Aujourd’hui je suis ce qui se passe, j’aime bien le reggaeton, j’ai adoré Aventura. Aussi ce qui était bien c’était de découvrir les boîtes à New York et à Miami, les bons endroits…
Lesquels ?
Broadway,
A Queens ?
Non, c’était sur Broadway. J’étais à Los Violines à Miami. Beaucoup de charanga, tout ça. J’aime beaucoup la charanga aussi. La salsa a beaucoup compté pour moi parce que la salsa te fait découvrir les raisons que tu aimes la vie. Elle va chercher cette énergie là où c’est pur, positif. Ces gens ils font une musique très difficile à faire, très compliquée. Tu ne peux pas juste prendre une boîte à rythme et la faire. Ça demande d’être fort, une maîtrise comme au conservatoire. C’est fait par des gens qui pour la plupart n’ont pas accès à l’éducation, qui n’ont rien. C’est de la créativité, de la poésie, la noblesse. C’est ça que j’aime.
C’est intéressant aussi que tu cites la Sonora Poncena, au lieu d’El Gran Combo ; il y en a qui disent qu’El Gran Combo a un son plus populaire, et la Poncena plus une musique intellectuelle.
J’aime bien Gran Combo, mais je n’aime pas leur rythmique, je trouve que c’est trop dans la plena, la bomba. Autant je peux écouter des disques de Chiquito de Bayamon, de plena et bomba, mais j’aime bien Gran Combo quand ils font des trucs romantiques, des années 70 et tout ça, mais je n’aime pas quand ils font la bomba et plena. Je n’aime pas tous les chanteurs du Gran Combo. Alors que les chanteurs de la Poncena, si, et il y a ma chanteuse que j’adore, Yolanda Rivera.
Azuquita, avec sa maison de disques projette de rééditer un de ses vieux disques à elle... Azuquita tu l’as connu à Paris, sûrement… décris la scène live à ce moment ?
Il y avait beaucoup Azuquita, il y avait Alfredo Rodriguez, énorme, fabuleux. Il y avait un venezuélien, un timbalero superbe, il y avait Yuri qui commençait…Il y avait l’émission de Maya (Roy), celle qui était mariée avec Jésus, elle était concurrente avec José el loco.
Mais déjà, à Paris, d’avoir deux concurrences salseras sur la radio c’est pas mal. Et le public c’était qui ?
J’avais ma vie avec les français, j’avais ma vie avec les latinos. J’avais deux vies.
Aussi un musicien que j’adore c’est Joe Arroyo, gigantesque, c’est un mec incroyable. Après j’ai découvert le truc que j’aimais pas du tout au début, j’aimais pas la cumbia, le vallenato, le chuquchuqu, après j’ai commencé à aimer ça. J’ai commencé à aimer la champeta, c’est vraiment la musique africaine de la zone Caraïbes de la Colombie, à l’époque ça s’appelait la terapia. C’était comme la musique congolaise, le soukouss, mais ça vient de la Colombie.
Tu l’as découvert en Colombie ?
Si, là-bas, et il y a quelques gens en France qui aiment ça aussi. Après il y a toute la musique latino house.
Et tu fais aussi de la musique, comment ?
Electronique. Au clavier, les samples.
Mets-tu des samples de salsa ?
Oui, mais je préfère recréer que sampler.
Il y a beaucoup de gens qui te connaissent à travers la Grosse Boule. Raconte cette époque ?
C’était en 1992. Je voyais toujours mes copains de la salsa, j’en vois encore maintenant, mais il y en a beaucoup qui se sont expulsés. Surtout les colombiens ont du mal à vivre à Paris en ce moment.
J’ai l’impression qu’il y avait une forte communauté avant mais si on ne cherche pas, on ne trouve pas.
Les communautés ont évolué…
J’aime moins les cubains,
C’est un esprit différent?
Je les aime bien, mais ils sont plus snob je trouve, j’accroche moins bien.
Il n’y en a pas une vraie communauté portoricaine ici…
Il y en avait deux avant, (rire) à Paris, une famille aussi, deux mecs et une famille.
[petite pause pour parler des voyages et manger des abricots séchés]
Je connais très peu de tout ce qui est liturgie Juive, mais tu parlais des voix de tête, c’est quoi ?
Comme chantent les chanteurs arabes, tu projettes la voix, tu forces, comme les chanteurs dans le montuno, quand ils répondent, quand ils montent comme ça. C’est une façon de chanter qui n’a pas la même économie de souffle, tu jettes ta voix, comme dans la salsa.
Quand j’entends voix de tête, je pense à Hector Lavoe, donc quand tu dis que c’est un des premiers chanteurs avec qui tu as accroché, il y a peut-être un précédent dans la religion ?
Exactement, Hector Lavoe, il a une voix époustouflante, un génie.
Et une vie qui allait avec.
Je voulais appeler mon premier fils Hector, mais je me suis dit que ça lui porterait malheur.
Tu as trois fils, qu’est-ce qu’ils écoutent ?
Avec moi ils sont obligés d’écouter de tout, ils écoutent tellement de choses différentes. Ils aiment bien la salsa aussi. J’aime bien aussi le Venezuela… à Caracas il y a une bonne ambiance de salsa. Mais tu sais il y avait un moment aussi où il n’y avait presque plus de salsa, vers 92, 93. Il n’y avait presque plus de disques qui sortaient. Il n’y avait plus que la Colombie à un moment. Il fallait aller à la Feria de Cali.
Et c’était à partir de ce moment là que la romantica a pris ?
La romantica était avant, ça commençait à descendre avec la romantica. Les groupes avaient enregistré tellement de disques de romantica, les grands groupes enregistraient plus.
Guyacan m’a dit aussi qu’en Colombie, c’est une autre façon d’écouter la musique, que même l’année dernière il y avait une chanson de Rubén Blades qui est sortie aux années 80, qui était le grand tube.
Ils cherchent la vague colombienne dans les disques. Les colombiens ils adorent Frankie Dante, tu connais ? Il a un son colombien. Ils sont fous aussi de Joe Quijano…
Quelle est ton histoire avec Les Etoiles ? Tu as le bonjour de Maurice…
Il veut me retrouver parce que je lui dois d’argent. (Rire). Il est venu me voir un jour et il m’a demandé, tu es Ariel Wizman, et j’ai dit non. Il m’a dit si, j’ai répondu non. J’avais organisé un truc une fois et j’ai oublié de lui filer le fric. J’ai organisé trois ou quatre trucs là-bas, en 1994 par là.
Rien n’a changé, c’est toujours la même moquette sur les murs.
Et il y a toujours la salsa ? Et c’est bien ?
Oui.
Une autre question pour toi qui es issu de la tradition juive, j’entends toujours une résonance sombre, une mélancolie dans la musique juive, je connais la musique klezmer, et même dans la joie il y a une résonance de la tristesse.
Il y a ça aussi dans la salsa, beaucoup. Le truc avec les Juifs c’est que quelles que soient les circonstances, tu ne lâches pas, tu es comme ça. Il n’y a pas une force d’abandon. La gaîté et la tristesse se mélangent très facilement. Tu écoutes Hector Lavoe et tu peux danser, c’est triste et c’est beau, c’est presque une joie parce que t’es triste, c’est très juif aussi. Il y a toujours une ressemblance entre les latinos et les Juifs, les latinos croient en Dieu, dans la salsa Dieu est très fort. Nous on a ça, quand tu chantes, tu dois réveiller là-haut, il est en train de dormir, il doit se réveiller, on va tourner les choses. La salsa est comme ça aussi, ça va pas et tout, mais ce qui serait pire que le fait que ça n’aille pas, c’est que le monde arrête de tourner. Il faut faire tourner le monde.
Avec la voix de tête.
Nous, on est comme ça.
Plus par rapport à Levinas, avec qui tu as étudié, d’après ce que j’ai lu, la relation entre l’homme et Dieu ou l’Autre est une relation temporelle, une relation de temps. Quand tu parles de la salsa comme une joie à travers la tristesse, est-ce une reconnaissance du moment présent, le fait de vivre le moment présent?
Les gens ne connaissent pas du tout le Judaïsme. Une chose de très important dans le Judaïsme c’est le Shabbat. Le Shabbat est la chose qui nous a été donnée que les autres ne peuvent pas comprendre. Lorsqu’on est assis à une table de Shabbat, on vit une expérience qu’aucun autre peuple ne peut comprendre, si tu n’es pas né avec le sang juif, tu ne peux pas comprendre. Je peux t’expliquer les choses les plus compliquées dans la philosophie juive et il n’y a aucune raison que tu ne les comprennes pas. Par contre, tu ne peux pas comprendre pourquoi, assis à une table de Shabbat en famille, quel est ce plaisir exceptionnel. Ça veut dire que le rapport au temps la structure est complètement juif ; tous les autres peuples ont choisi d’avoir des territoires, nous on n’avait aucun territoire, on a choisi le temps comme territoire. Le temps est fait de six parties de profane, et une partie de sacré, c’est le Shabbat. Il y a toujours le Shabbat à chaque moment de la vie, un moment sur sept est Shabbat. Shabbat est la même chose que lorsque le messie sera arrivé. Dans la vie tu ne peux passer plus de six jours dans le profane, tu ne peux pas passer plus de six secondes dans le profane, tu ne peux pas passer plus de six dixièmes de secondes dans le profane. Il y a toujours du shabbat dans ta vie. Quand tu travailles, dedans il y a du repos. Le temps est forcément messianique.
Le Shabbat revient toujours.
Il y a toujours un temps-attente, où il y a la venue. Si tu prends cela dans le contexte de la musique, c’est aussi ce à quoi correspond la salsa.
C’est une conception très musicale du temps...
Pierre Goldman aussi était celui qui a amené Azuquita à Paris en 1979, je trouve intéressant cet appel juif de la salsa vers la France.
Nous on est comme les portoricains de la France, les marocains. Lui n’était pas marocain, mais les juifs, les marocains, on était un peu comme les portoricains des français, parce qu’il y avait la singularité physique, et une singularité spirituelle. Je pense que les premiers latinos aux États-unis se retrouvaient dans une situation où à la fois ils étaient très fervents spirituellement, et un peu voyous aussi.
Aussi le Barrio avant d’avoir été latino, était un quartier Juif…
Il y a plein de choses entre les juifs et latinos, plein de ponts.
Quel est le rôle de la salsa dans ta vie ?
J’écoute quand ça ne va pas.
Qu’est-ce qu’il y a dans la salsa qui fait cet effet ?
Tout ce qu’on vient de dire. Il y a le boléro aussi que j’aime beaucoup.
Le boléro tu danses avec ton âme.
Tu danses avec ta copine, quoi. Le zouk, c’est bien aussi, mais j’aimerais bien trouver un endroit dédié au boléro à Paris. J’adore chanter les boléros.
[petite pause pour faire des photos et parler des États-unis et la musique country, bluegrass, crunk]
J’aimais bien aussi le hip hop latino. Avant, la latin hip hop à New York, Latin Housecats, Sapphire, TKA, toute une scène géniale. Même Willie Colon a fait un disque de hip-hop à l’époque.
C’est ton vrai nom, Ariel ?
Oui.Parce qu’en anglais, ça donne aerial, ou antenne, et je trouvais drôle avec ton rôle de sourcier de la musique ; et Wizman aussi, pour wizard.
Avant j’étais wiz, maintenant j’essaie d’être wise. Avant mon truc était de jouer, maintenant je me tends vers le wise.
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Rédigé par : fercho el bacan | 08/03/2007 à 20:04